fbpx

Florent Bouguin entame sa troisième vie. Après une enfance heureuse et sportive sous le soleil de l’Île de la Réunion, sa destinée d’adulte construite et ancrée au Québec, cet ingénieur a ouvert un nouvel horizon depuis un peu plus de deux ans, celui de la course en sentiers.

 Ce papa de deux enfants ne clôt pas les chapitres de sa vie. Il les fait cohabiter dans un équilibre qui dessine ses exploits. Un mélange de sérénité, de soif de découverte, d’amour, qui a façonné un sacré coureur. Un champion presque malgré lui.

 «Saine compétition avec moi-même»

Quand on lui demande ce qui le pousse à courir, Florent Bouguin trace des lignes claires : «Je suis un compétiteur dans l’âme et j’aime cette saine compétition avec moi-même pour apprendre à découvrir ce que je peux réaliser. Cela demande une hygiène de vie, une rigueur, un équilibre que j’aimerai atteindre.»

 A 39 ans, Florent Bouguin est l’un des meilleurs dévoreurs de sentiers du Québec. Sa première grande victoire reste celle glanée en 2013 lors de la 3e édition de l’Ultra-Trail Harricana de Charlevoix. Depuis deux ans qu’il s’est véritablement lancé dans la meute des traileurs, Florent impressionne. Par sa simplicité et son talent.

 Des grosses performances

Avec une jeune expérience dans la discipline, le Québécois a été capable d’accrocher les meilleurs coureurs du monde lors de deux ultra-trails de 80 km courus récemment. En décembre dernier sur les hauteurs de San Francisco il a terminé 15e au classement général pour la finale du North Face challenge. En mai dernier pour une autre étape du challenge North Face dans les Bear Montains il a encore progressé, terminant à la 4e place.

 Si Florent se fait remarquer c’est aussi parce qu’il ne passe pas inaperçu : des cheveux longs châtains aux reflets roux, une barbe fournie, le corps sculpté et cuivré par le soleil, les yeux  gourmands et un sourire aussi sincère que communicatif. Sa joie de vivre et celle de courir jaillissent de ses paroles et de ses pas.

 « Je grandis à chaque pas »

«Où est mon nirvana? Je ne sais pas, mais l’ultra-trail me donne plusieurs bribes de réponses. Je me développe et je grandis à chaque pas que je fais, cela me fait avancer.» Derrière cette quête de sens, Florent brandit des certitudes très fortes, celles qui ont fait de lui le conjoint de Catherine et le papa de Nolwen, 8 ans, et Yohan, 6 ans : « Ma famille c’est ma principale force. Je leur dois ce que je suis, et si je peux vivre des moments aussi intenses c’est grâce à eux. »

 Cette année, celle de la confirmation pour l’athlète désormais dans le team North Face Canada, il y a deux rendez-vous importants en plus du 80 km de l’UTHC : la Canadian Death Race début août et la TransMartinique en décembre. «J’ai aussi inséré dans mon plan d’entraînement des courses pour lesquelles je n’arriverai pas au sommet de ma forme comme l’Ultimate XC en juin, la Québec Mégatrail en juillet et le Bromont Ultra en octobre que je ferai en équipe avec mon ami Jeff Gosselin, 80km chacun!», ajoute l’insatiable coureur.

 La Diagonale des fous en 2015

Mais parmi tous les courses, il y en a une qui fait battre le cœur de Florent plus intensément : la Diagonale des fous, sur son île natale. Une course mythique et extravagante de 165 km et 10 000 mètres de dénivelé positif qu’il veut courir l’année de ses 40 ans, en 2015.

 Pour évoquer ce projet, Florent pèse chaque mot : «Je me suis donné ce défi d’être sur mon île en octobre 2015. Je souhaite mettre toutes les chances de mon côté pour aller au bout de cette aventure qui s’annonce intense et passionnante. Courir ce voyage initiatique dans mes montagnes, sur mes racines, avec mes amis et ma famille pour partager cette aventure c’est tout un but à atteindre.»

 Il travaille sur des satellites…

Le but à atteindre pour écrire le portrait de Florent Bouguin, c’est réussir à esquisser, sans trop s’éterniser, un homme aux multiples facettes et se forcer à ne pas tout dire. Il faut ainsi éluder que ce brillant scientifique est à la tête d’un département d’ingénierie d’une multi-nationale basée à Québec, ABB, qu’il travaille sur des satellites, qu’il est aussi membre de la patrouille canadienne de ski, champion de courses en raquettes… et qu’aucun de ses amis n’a le souvenir d’un reproche à lui faire… sauf peut-être celui de ne pas assez se reposer.

 «Il faut que j’apprenne à lever le pied de temps en temps mais pour le moment je profite du bonheur de pouvoir courir, vivre intensément », s’excuse dans un sourire Florent. Changer de rythme, ce sera pour une autre vie.