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Au milieu de la vingtaine, Gary Robbins n’avait pas encore couru 160 kilomètres en tout et partout. « J’en suis absolument certain, car j’avais un journal et j’ai couru six jours consécutifs. Au septième jour, j’ai écrit: la course c’est stupide et je ne courrai plus jamais.»

Heureusement, il a changé d’idée un peu plus tard. Mais rien ne le prédestinait à devenir un ultramarathonien.  « J’avais un style de vie très différent d’aujourd’hui, je pesais 35 livres de plus et j’aimais bien boire plusieurs bières avec mes amis. » C’est assis sur son sofa devant la télé qu’il a eu une révélation! « J’ai décidé de m’y mettre en voyant la publicité d’un Eco-Challenge en 2004. J’ai vu ça à la télé et je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. J’ai acheté un vélo et un kayak, et j’ai commencé à m’entraîner. » 

Il lui aura fallu plusieurs années avant de commencer. Sept, en fait; des années passées à enseigner la plongée en Amérique centrale. Il a dû abandonner ce sport après une mésaventure en le pratiquant. Il a alors décidé de déménager à Whistler en Colombie-Britannique pour finalement s’adonner à l’Eco-Challenge. Gary a rapidement réalisé que la course à pied était la discipline où il était le plus doué et qu’il appréciait le plus. Originaire de Terre-Neuve sur la côte Est et ayant vécu à Banff, Squamish et Whistler, c’est naturellement qu’il s’est tourné vers la course en sentiers. Gary Robbins raconte ses débuts à FEAT (Fascinating expedition & adventure talks) 2011.

Des bons résultats dès le départ

Gary Robbins Sky Run Afrique duSed, Décembre 2014 Crédit Photo: Ian Corless

Gary Robbins au Skyrun Afrique du Sud, Décembre 2014
Crédit Photo: Ian Corless

Lors de son premier ultramarathon après seulement quatre mois d’entraînement, il a été le vingtième à franchir la ligne d’arrivée au bout de 67 kilomètres.

C’est seulement à partir de 2008 qu’il s’est concentré à cent pourcent sur la course en sentiers. Il a pris part à son premier 160 kilomètres en août à Squamish, terminant en première place, en plus de battre le record du parcours.

L’année 2010 aura sans contredit été celle de Gary Robbins. Dès janvier, il a remporté le Hurt 100 à Hawaï et battu le record du parcours de 160 km en 20 :12 :00 (record qu’il a à nouveau battu en 2013 avec un chrono de 19 :35 :00). Il a également terminé 6e au prestigieux Western States 100M. Qui plus est, il s’agissait de l’édition où le calibre était probablement le plus relevé de l’histoire de cette compétition, notamment grâce à l’entrée en scène de Kilian Jornet.

Cette course a d’ailleurs été l’objet du documentaire Unbreakable The Western States 100, produit par Journeyfilm. 
Bien que le film se concentre sur la lutte à 4 entre Kilian Jornet, Geoff Roes, Hal Koerner et Anton Krupicka, on y voit l’arrivée de Robbins fou de joie en 6e place. Il s’agissait de la deuxième meilleure performance d’un athlète canadien à cet événement. « J’étais tellement heureux que j’ai littéralement explosé à l’arrivée. C’est probablement pourquoi ils m’ont gardé au montage et se sont rendus à la sixième place. Surtout que l’année précédente, j’avais eu beaucoup de difficulté avec la chaleur, alors j’étais très heureux. »

Gary Robbins au Skyrun Arfique du Sud, décembre 2014. Crédit Photo Ian Corless

Gary Robbins au Skyrun Arfique du Sud, Décembre 2014.
Crédit Photo Ian Corless

Meilleurs temps homologués

Fort de ses succès en compétitions en 2010, Gary a décidé de s’attaquer à deux parcours de taille et d’y réaliser les meilleurs temps homologués, ce qu’on appelle les fastest known times en anglais. Un site web répertorie aujourd’hui ces exploits. Le concept est simple, il s’agit d’enregistrer le temps le plus rapide sur un parcours donné. «Aujourd’hui, avec les outils comme Strava et l’utilisation des GPS, le tout a pris une nouvelle dimension. Mais à l’époque, on les appelait simplement “records de vitesse”. C’est vrai que “temps le plus rapide homologué” a plus de sens.»

En seulement 14 jours, Gary Robbins a battu le record de la West Coast Trail et de la East Coast Trail. Dans le cas de la West Coast Trail, il s’agit d’un trajet de 80 kilomètres très technique. Le compte-rendu de Gary Robbins est documenté en vidéo. Fait à noter, son record a depuis été battu par Matt Cecill. L’ aventure de Gary à la East Coast Trail, où il a battu le record deux semaines plus tard sur le parcours de 215 kilomètres est également immortalisée en vidéo. 

On dit souvent que les hauts sont suivis de bas dans la vie. Gary Robbins en a eu la preuve en 2011, alors qu’une fracture à un pied l’empêche de courir pendant toute l’année. Il a alors décidé d’élargir ses horizons. «J’ai été confronté au fait que je cesserais de participer à des compétitions comme coureur un jour, et je me suis demandé comment je pouvais perdurer dans ce sport autrement.»
C’est à ce moment qu’il s’est vu offrir l’organisation du Squamish 50. Il a contribué à redonner ses lettres de noblesse à cet événement où il accueille tous les coureurs à leur arrivée. Il s’est ensuite porté acquéreur de la série Coast Mountain Trail, qui regroupe huit événements, et il vient maintenant d’ajouter une corde à son arc en devenant entraîneur.

Gary Robbins au Skyrun Arfique du Sud, décembre 2014. Crédit Photo Ian Corless

Gary Robbins au Skyrun Arfique du Sud, décembre 2014.
Crédit Photo Ian Corless

Bientôt papa

En août prochain, Gary Robbins deviendra papa. «Je suis à quelques mois de vivre avec une sonnerie d’alarme que je ne peux pas éteindre», dit-il en riant. Il est conscient que la naissance de son premier enfant risque de modifier son horaire de compétition. Sa saison 2015 est toutefois sur la bonne voie. Il vient tout juste de gravir à la course, en compagnie de Max King, le mont Halea Kala sur l’île de Maui. Ce volcan constitue une ascension de 3055 mètres sur seulement 32 kilomètres. Il se propose aussi d’effectuer le Rim To Rim To Rim dans le grand canyon dans quelques mois.

Gary Robbins au Skyrun Arfique du Sud, décembre 2014. Crédit Photo Ian Corless

Gary Robbins au Skyrun Arfique du Sud, décembre 2014.
Crédit Photo Craig Kolesky

Craig Kolesky

Voici quelques questions en rafale à Gary Robbins:
· Film de course préféré : Saint Ralph. J’ai vu peu de films sur la course, mais celui-là est excellent.

· Nourriture préférée pendant les courses : Les noix de cajou ces jours-ci. J’en ai toujours un petit sac avec moi sur les sentiers. C’est facile à digérer, c’est bon et très calorique.

· Nourriture préférée avant une course : Une banane, du beurre d’amande et du café, toujours du café. Avant une course j’essaie d’avoir l’estomac le moins chargé possible.

· Équipement préféré pour une course : Les vestes de course de Salomon. Même quand je courais pour d’autres commanditaires, je trouvais que c’était les meilleures. Et l’évolution du produit est extraordinaire. J’ai reçu le modèle le plus récent il y a quelques jours, ça pèse 100 grammes.

· Course préférée : Le knee Knacker, c’est le premier 50 kilomètres que j’ai couru, et le Hurt 100 à Hawaï. Deux parcours très techniques où j’ai connu beaucoup de succès.

· Meilleurs coureurs : Kilian Jornet, bien sûr. Il est tellement extraordinaire comme personne et comme coureur. Mais aussi les gens ordinaires qui s’entraînent et gardent l’équilibre dans leur vie. Sans les milliers de gens qui terminent les courses, il n’y aurait pas de coureurs professionnels commandités.

· Livre sur la course préféré : Once a Runner, même si je n’ai jamais vraiment couru en piste.

· Bière préférée : Je suis intolérant au gluten, j’aime la Guinness et les stouts mais ça ne fonctionne pas très bien pour moi, alors je bois du cabernet sauvignon en général.

· Citation préférée (de course ou non) : Ce n’est pas une citation de course mais c’est à la fin de mes courriels, c’est de Walter Payton : Demain n’est garanti à personne. C’est simple mais tellement vrai. Il ne faut jamais l’oublier.