(tiré de Lore of Running)
Pas Isaac Newton, Arthur. Le père de l’ultramarathon, selon certains. Né en 1883 en Angleterre, Newton aura une courte, mais prolifique carrière de coureur, qu’il débutera à l’âge respectable de 38 ans. En 13 années, il remportera 5 fois le Comrades Marathon (90 km) et détiendra les records du monde sur 35, 40, 45, 50, 60 et 100 milles, en plus de celui sur 24 heures (152 milles, 540 verges).
Les livres qu’il a écrits à la fin de sa carrière constituent un legs important au monde de la course. Newton avait à l’époque des méthodes d’entraînement novatrices qui sont toujours pertinentes de nos jours.
Voici, en bref, les 9 lois de Newton. Lesquelles respectez-vous?
Loi 1 : S’entraîner fréquemment et toute l’année
À l’époque, la plupart des coureurs ne s’entraînaient pas toute l’année, et plusieurs ajoutaient de longues marches à leur programme, plutôt que la course. De son côté, Newton croyait que pour être un bon athlète dans sa discipline, il fallait la pratiquer souvent, et à doses modérées (à noter : Newton ajoutait régulièrement 160 km par semaine au compteur, parle-t-on vraiment de modération?)
Loi 2 : Commencer graduellement et s’entraîner sans forcer
Selon Newton, nous ne devrions jamais pousser au point d’être à bout de souffle. La méthode d’entraînement la plus efficace consiste en de longues sorties à un rythme modéré (20 à 25 % plus lent que le rythme d’une compétition). Cette façon de faire permet de créer une base solide, un gage de succès le jour de l’évènement ciblé.
Loi 3 : Mettre l’accent sur la distance (la vitesse viendra bien…)
Newton croyait qu’en prévision d’un marathon, un coureur devait couvrir 100 milles par semaine pour être fin prêt. Le marathonien devrait éviter les efforts trop intenses et se concentrer sur la distance. Les sorties à 9 milles/heures permettent d’accumuler des réserves d’endurance qui seront fort utiles lors du marathon. Et pour parfaire la condition physique, Newton suggère des “hills”.
Loi 4 : Ne pas respecter un horaire quotidien
Newton tenait un horaire hebdomadaire qu’il se permettait de modifier en fonction de la température ou des conditions. De plus, il croyait qu’un athlète devait écouter son corps et donc varier l’entraînement selon les sensations ressenties.
Loi 5 : Éviter la compétition durant l’entraînement; ne courir qu’occasionnellement des contre-la-montre et des courses de plus de 16 km
Newton s’opposait aux contre-la-montre et affirmait qu’ils étaient une perte de temps et d’énergie. Seule la compétition justifiait un effort maximal et l’utilisation de la vitesse. Les courses, qu’il considérait comme de véritables contre-la-montre, étaient indispensables. Laisser passer deux ou trois semaines entre chaque évènement lui paraissait raisonnable; de six semaines à deux mois dans le cas d’un marathon.
Loi 6 : Se spécialiser dans une discipline
Déjà à l’époque, Newton constatait que la compétition devenait de plus en plus féroce. Pour atteindre, le sommet, il fallait s’entraîner en prévision d’une distance spécifique. Selon lui, de 18 à 36 mois étaient nécessaires pour devenir un athlète accompli. Et durant cette période, finis les loisirs et les vacances. Un entraînement de 2 à 3 heures tous les jours s’impose, et, si possible, le coureur devrait faire de la course une profession.
Newton, qui se spécialisait dans la longue distance, a pourtant exprimé ses opinions à propos du triathlon. Il a pratiqué le vélo, la nage et la marche (+ de 47 000 km pendant sa carrière). Il croyait que ces trois disciplines permettaient de parfaire sa condition physique. Par contre, il les considérait comme des à-côtés.
Loi 7 : Éviter le surentraînement
Philosophie de Newton : chaque jour, courez de façon à ce que les deux derniers milles soient presque un effort désespéré. Si le lendemain vous êtes prêt à recommencer, vous n’êtes pas surentraînés.
Une soif insatiable et un manque d’appétit sont deux signes du surentraînement. Selon l’auteur de Lore of Running, il semble que Newton ait réussi tout au long de sa carrière à s’entraîner dans les limites de ses capacités.
Loi 8 : Exercer son esprit
Les premiers mois sont, tant mentalement que physiquement, les plus difficiles, dans l’esprit de Newton. Le coureur débutant doit laisser le temps au corps et à l’esprit de s’adapter, et au subconscient d’assimiler les innombrables détails de cette nouvelle activité et d’en faire des habitudes. Ce qui demandait au premier abord un effort continu devient alors plus ou moins automatique.
Loi 9 : Se reposer avant la compétition
Newton recommande d’éviter toute forme de compétition dans le mois précédant la course. Ces dernières semaines devraient permettre de mettre la touche finale à la préparation et de stocker ses réserves d’énergie.
Il conseille de se garder bien occupé par la lecture, l’écriture ou toute activité qui évite de penser à l’évènement à venir.
Dans la littérature sportive, Newton fut le premier à parler de repos avant la compétition.
Bref…
Arthur Newton était bien avant son temps. Alors que la plupart des athlètes ne s’entraînaient que pendant quelques mois, marchaient religieusement en préparation pour un marathon et ne se reposaient pas avant les compétitions, Newton respectaient ses propres règles et connaissaient un succès retentissant.
Un jour que je demandais à un coach ce que je devais manger le matin d’une compétition, il répondit : “Ce qui te convient.” J’avais été à l’époque bien déçu de cette maigre réponse. Il avait pourtant raison. Chaque athlète réagit différemment, et se doit d’être à l’écoute de son corps pour bien en comprendre le fonctionnement. Newton en est l’exemple. Malgré des techniques peu orthodoxes à l’époque, c’est bien lui qui franchissait la ligne d’arrivée le premier.
Bon entraînement,
Ben