L’origine d’une passion
Nos débuts
Qu’est-ce qui nous pousse à courir?
Va savoir d’où vient ce besoin, ce penchant pour bouger vers l’infini. D’aucuns diraient qu’il est signe d’un dérèglement interne nous plaçant dans une catégorie de personnes dites « un peu folles ». Ou bien, que ce besoin est inscrit dans l’ADN de quelques rares élus. Personnellement, j’opte davantage pour une faim universelle et innée de repousser nos frontières, une soif quasi insatiable de découvrir les limites de notre corps.
À l’origine, on se rappelle un vague souvenir de vouloir connaitre le temps requis pour aller d’un endroit à l’autre. Pour d’autres, ce fut la constatation, plus pratique, que la marche nous mène certes dans une direction, mais beaucoup moins rapidement que la course. Pour ma part, ce fut les paysages que m’offrait le fleuve St-Laurent qui auront suffi à me convaincre régulièrement de sortir de chez moi.
Peu importe la raison, on se rappelle tous, sans exception, que c’était difficile. Que l’on arrivait pratiquement plus épuisé que la fois d’avant. Avec les années, j’ai compris que d’une certaine manière, c’est un peu ce que l’on recherchait.
Des centaines de sorties, voir des milliers de kilomètres plus tard, nous retirons encore aujourd’hui, un sublime sentiment d’absolu après chaque sortie. Les solutions aux problèmes du quotidien nous viennent alors simplement comme si la réponse à nos questions n’attendait qu’un retour à la maison. La vie nous semble moins complexe et l’avenir plus léger.
À nos débuts, on courait pour courir, point. Sans autre prétention que celle de voir jusqu’où cela allait nous mener. Chaque sortie nous plaçant hors de notre zone de confort afin d’assouvir une faim que nous avons tous et qui ne demande qu’à être rassasiée au quotidien : celle de bouger et de se sentir vivre.
Que l’on nous considère comme fous n’a guère d’importance pour moi. Dieu merci, nous sommes assez sages pour poursuivre cette douce folie avec toute la passion qui nous habite.
Article de Jeff Gosselin