L’édition 2015 aura été une des plus émotive pour plusieurs. DNF (Did not finish), TKO (Knock Out technique) ou NBS (Nails in Bad Shape). Voici un récit de course différent pour vous « crinquer », lui aussi à sa façon, à revenir en force, ma meute de malades!
L’objectif de 2015
Harricana fait partie de ma vie depuis février 2013. En fait, c’est l’élément déclencheur de mon intérêt pour le trail. Je cherchais un objectif pour faire suite à une course à relais entre Montréal et New York.
Harricana pour moi, c’est 65 km en 2013, 80 km en 2014, 125 km en 2015 2016. C’est surtout un événement qui, année après année, m’a donné la chance de rencontrer des personnes inspirantes. Un événement qui m’a fait carburer à une belle énergie, motivé à parcourir de grandes distances de course et permis de laisser de belles traces dans STRAVA 😉
Adventus, le retour du glorieux à la fin des temps
Une inspiration biblique pour ce sous-titre, à force de passer devant le Cyclorama à Sainte-Anne-de-Beaupré! Mais en fait, pour parler de mon aventure Harricana 2015, c’est plutôt une citation du film Slap Shot qui me vient en tête: «Dave st’une terreur, Dave st’un tueur… Dave yé magané. Ouin, mais Dave, st’un artiste…». Amen.
Depuis la course de 35 km du XC de la Vallée, j’ai perdu l’envie de courir. Bouettophobie, fatigue chronique, manque de flexibilité, très peu de kilomètres cumulés dans STRAVA et un premier DNF à vie ont eu raison de ma motivation. Il faut dire qu’un travail particulièrement exigeant et une garde partagée toutes les fins de semaines avaient eu raison de ma préparation.
C’est donc une semaine avant l’UTHC, après avoir couru un petit 6 km de merd… en solo (lire isolation préméditée) en parallèle du Club de trail Montréal, que j’abandonne définitivement l’idée du 125 km. Je suis en paix avec cette décision. J’assume de prioriser ma famille et pour un temps défini, mes projets professionnels.
Je me retire comme coureur, mais je veux rester dans la meute. Sébastien Côté et Geneviève Boivin acceptent mon offre de joindre l’équipe média en tant que vidéo-photographe. Je deviens un loup prédateur de moments. Et comme par hasard, on me place en équipe pour faire des reportages sur le terrain avec mon amoureuse Stéphanie Côté, rédactrice en chef de Harricana.info. D’accord, il n’y a pas de hasard. Mais ah que la vie fait bien les choses!
Un ultra shooting
Après avoir profité quelques heures de la magnifique maison que nous avons louée aux Terrasses Cap à l’Aigle, nous partons en mission au mont Grand-Fonds. Tout l’après-midi vendredi, nous avons comme mandat, Stéphanie et moi, d’interviewer les coureurs à la remise des dossards. Ah oui, mais avant, il m’a fallu remplacer les freins de ma voiture morts dans de la côte de Baie St-Paul, et remplacer la vitre de mon Iphone brisée en sortant de l’épicerie à La Malbaie. J’aurais peut-être dû arrêter allumer un lampion à la Basilique…
Une vrai course contre la montre, mais ça demeure positif, surtout avec ces entrepreneurs de la région qui me servent comme un roi (Communication Charlevoix et Garage Luc Audet de Clermont). Ce fut une première journée intense mais magique. Revoir les amis de trail, en plus de faire de nouvelles connaissances, c’est aussi ça le plaisir de l’UTHC.
Samedi matin, le réveil sonne à 4:30 am. On ne va pas se plaindre, il y en a 90 qui courent depuis 2:00! Café en main, on part en mission, celle de couvrir le départ du 65 km et le relais intermédiaire du 125 km aux Hautes-Gorges. Stéphanie, toute naturelle et relativement bien réveillée pour l’heure, recueille les impressions des coureurs à quelques minutes du départ. Je suis très impressionné par son aisance à approcher les gens. En plus. elle crève l’image. «Pas mal cute cette Stéphanie!» Euh… ce n’est pas une citation de Séb Chaigneau, c’est la mienne. Je sais, une image vaut mille mots. Ok, ok, j’arrête.
Au passage de Florent au relais des Hautes-Gorges, une envie de courir m’envahit. Que dis-je? Envie de courir? Moi qui avais égaré cette envie au détour un sentier il y a quelques semaines. Florent m’inspirait. J’ai pensé l’accompagner sur quelques kilomètres pour lui changer les idées. J’ai plutôt décidé de faire de nombreux allers-retours sur le sentier des rapides pour prendre des clichés. Un loup photographe à la chasse.
Pour les 11 prochaines heures, j’allais recherché la lumière parfaite et l’émotion, inspiré par la détermination des coureurs et par le talent fou du photographe Alexis Berg.
Un loup est un loup (bis)
À 18:00 samedi, je me sens un peu comme l’an dernier après le 80 km. Je suis crevé. Certains coureurs ont connu une attaque de guêpes. Moi je me suis fait dévorer par les brûlots. Comme les coureurs, j’ai dû gober des capsules de sel pour vaincre des crampes. Prendre 3600 photos, ça met un index à l’épreuve! Des coureurs ont couru avec un caillou dans leur soulier. Moi j’ai cadré avec une mouche dans l’oeil. C’est pareil, je vous dis 😉 Et comme les coureurs, je me suis nourris de Fruit2. En fait non, mais je voulais faire un clin d’oeil à M. Colswell. Et ce n’est pas tout. Au moment d’écrire ces lignes, je vous annonce que je vais probablement perdre mon onglet de l’index droit. Tout est comme dans la course.
Tout est comme dans la course!
Je n’ai pas entendu de bip en traversant une ligne d’arrivée, mais peu m’importe. C’est le cheminement qui compte. J’ai vécu pleinement ma course même si je n’ai pas pris le départ. Tout est une question de perspective, n’est-ce pas? J’entends certain dire: « if it’s not on STRAVA, it didn’t happen ». Je ris.
L’engagement collectif autour de la mission de Sébastien Boivin fait la force de l’UTHC. La meute, c’est les bénévoles, les partenaires, les participants et les supporteurs. Nous avons tous nos récits et nous sommes tous loups. Je suis coureur et photographe. Parce qu’un loup… est un loup.
______________________________________________________________
David est consultant en gestion, artiste peintre et photographe artistikdaimo.com
Crédit photo couverture: Stéphanie Côté