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Nos félicitations à Florent Bouguin et son équipe (famille) pour sa 3e place lors de la Canadian Death Race. Cette course est l’une des épreuves les plus exigeantes  dans le genre au Canada, il l’a réalisé en solo. Florent, tu es une source d’inspiration pour plusieurs, en plus d’aider la pratique du trail running, tu véhicules de bonnes valeurs familiales et l’équilibre à avoir dans nos vies. Merci!

Florent Canadian Death Race

Partons directement au km 102 au dernier point de ravitaillement d’une intensité incroyable. J’arrive du leg4 en première position, j’ai tout donné. J’ai même accentué mon écart à 22 minutes sur le deuxième dans les 10 derniers kilomètres de descente. Je suis au ravitaillement, je suis extrêmement fatigué et je titube. Je m’assois et je perds conscience quelques instants. L’organisation vient me voir pour porter les premier secours. Catherine leur dit que tout est sous contrôle et elle leur demande de ne pas rester bien loin. Mon teint est un mélange de jaune et de mauve. Je ne suis pas beau à voir. Je n’arrive pas à manger. Stephanie Howe, TNF Athlete (conjointe de Zachary Violette le futur vainqueur, nutritionniste et dernière vainqueur de la Western States), vient m’aider. Pas mal comme « helper » non! Catherine me parle d’abandon, l’organisation aussi. Jamais….,
Je serais un finisher. Je repars.

Catherine est stressée. Je crois que c’est la soupe qui m’a le plus aidé. Je quitte le point de ravitaillement par une énorme montée et j’entends les applaudissements pour l’arrivée de Zachary, il n’est qu’à 7 minutes. Je cale dans la montée, ma tête tourne, je titube de nouveau, je vais tomber. Je m’assois sur une racine et j’essaie de reprendre mes esprits. Les 23 derniers km vont être durs, très durs.

Le sentier est étroit et technique. J’arrive à me relancer et à avoir un bon rythme dans les descentes et sur le plat. Certes ce n’est pas le rythme d’un futur vainqueur mais c’est un rythme pas pire! Zacharie de l’Oregon me rattrape au km 107. Il ralentit et cours quelques dizaines de mètres avec moi. Il a été mis au courant de mon état de santé et me propose son aide. Je le félicite. Il est fort et je lui demande de continuer. Je lui dis que c’est une autre course qui commence pour moi. Je dois aller chercher cette victoire sur moi-même. Je dois aller au bout de cette aventure. Je croise Catherine et les enfants juste avant de prendre le bateau. Ils ont eu un passe-droit de l’organisation pour venir m’encourager à cet endroit interdit à l’assistance. En fait tout le monde est inquiet à mon sujet et on veut confirmer de-visu que je suis bien présent. Je vois la « mort » (son représentant bien sûr!) à qui je remets ma pièce d’argent. Je peux maintenant traverser la Smoke River.

Il reste environ 13 km. Je marche les faux-plats montant et les montées, je cours le reste. Je vomis mais il n’y a rien qui sort, j’ai la diarrhée et je serre les fesses, pas facile! Je sors de la forêt, pour attaquer 3kms de route forestière qui me conduisent à l’arrivée. Je me retourne et je vois un compétiteur qui fond sur moi. Il ralentit, il m’encourage puis me laisse sur place. Il finit deuxième, 4 minutes devant.

J’entends les clameurs de l’arrivée, je sais alors que je vais réussir. Je sais que mon corps me portera. Je ne tomberai pas. Je passe la ligne d’arrivée en 3ème position à 19 minutes du gagnant. WOAH! Je serre le vainqueur et le deuxième dans mes bras et je m’allonge. Catherine et les enfants me rejoignent. Bravo nous avons réussi.

Ce matin la température est parfaite. L’hymne nationale est chantée « a capella » accompagnée par 1600 coureurs. Nous partons bourrés d’émotions. J’ai fait une moyenne des temps des vainqueurs des dernières années. Ceci me donne les temps de passage des meilleurs. Je décide de me caler sur ces temps. A ma grande surprise, je franchis la première section en tête. Je deviens alors le chassé. J’aime cela et je décide de maintenir ce gros rythme. Il faudra venir me chercher! La section 2 est cruciale et permet de me tester. C’est la section la plus technique de la course. Je commence par une bonne montée pendant laquelle je mange mes patates douces et salées. Il y a ensuite une descente avec un fort dénivelé qui m’amène dans une section de boue et de racines de plusieurs kilomètres. La forte descente reprend ensuite avec une splendide vue sur le village de Grande Cache. J’arrive en ville et je fais un ravitaillement éclair sur l’aire de départ et d’arrivée de la course sous les encouragements du public. La section 3 est plus dure que prévue. Elle me semble interminable et je commence à ressentir une bonne fatigue. Je croise un troupeau de mouflons et plusieurs chevreuils dans la journée. Je retrouve ma petite tribu au point de ravitaillement. Ils sont facilement repérables avec le drapeau (Tshirt vert fluo TNF accroché à l’extrémité d’un bout de bois) que ma fille agite avec ferveur. Nous sommes au km 65 et c’est le début de la section 4 soit un marathon de montagnes qui m’amène au sommet de la course le Mont Hamel. L’effet de l’altitude se fait sentir, j’ai le souffle plus court. La montée se fait sur un sentier instable du style de celui du Piton de la Fournaise. Je prends quelques instants pour m’arrêter au sommet. La vue est monstrueuse. Je prends le temps de me fondre dans ce paysage des Rocheuses qui est pour moi une vision idyllique de mon pays d’accueil qu’est le Canada.

Je finis la section 4 en première position toujours sur la moyenne des temps des anciens vainqueurs. La suite vous la connaissait.
J’ai grandi aujourd’hui. J’ai découvert une zone d’inconfort intense que j’ai franchi avec succès. Je suis un « Death racer ».
Nos vacances se poursuivent en famille dans les parcs canadiens des Montagnes Rocheuses en randonnée et camping. Que la vie est belle! Croquons-la à pleine dent.

Vous pouvez le féliciter sur son texte intégral publié sur Facebook